dimanche 20 septembre 2015

Les canettes en aluminium

Je travaille au cinquième sous-sol de l’hôpital Notre-Dame à Montréal. Vous comprendrez pourquoi je ressens le besoin de sortir à l’extérieur pendant ma pause. J’en profite pour me promener dans les rues autour de l’hôpital. J’observe tous les jours une grande quantité de canettes en aluminium jetées dans les poubelles (et même sur les trottoirs, quel désastre…) Peu de personnes se préoccupent de déposer ces canettes dans les poubelles destinées au recyclage.

Les canettes en aluminium sont des produits toxiques, dispendieux et gourmands en énergie et l’amélioration de leur production n’est pas une option viable, le mieux serait de cesser de les fabriquer. Si vous voulez réduire votre impact sur la planète et améliorer votre santé de manière simple et immédiate, supprimez-les de votre vie. J’ai pris la décision de ne plus acheter d’eau pétillante en canette depuis plusieurs mois déjà (nous ne consommons pas de boissons gazeuses), avant même d’apprendre leur effet néfaste sur l’environnement et sur la santé. Depuis que nous avons fait l’acquisition d’un bon filtreur, nous privilégions l’eau filtrée, toute la famille boit d’ailleurs beaucoup plus d’eau depuis cet achat qui s’est avéré un excellent investissement!

La canette en aluminium représente l’un des produits les plus consommateurs d’énergie, les plus créateurs de CO₂ et les plus générateurs de déchets. Au Canada, la consommation est d’environ 50 milliards de canettes par an.

Une canette est composée de bauxite, un minerai rougeâtre exploité en Australie, au Brésil, en Jamaïque et d’en d’autres pays tropicaux. L’exploitation de ce minerai entraîne le déplacement des animaux et des populations locales et l’abattage d’un grand nombre d’arbres.

Le bauxite est transporté, lavé, réduit en poudre, mélangé à de la soude caustique, chauffé et filtré jusqu’à ce qu’il ne reste que la moitié du poids du minerai original dans les cristaux d’oxyde d’aluminium. Il subsiste cependant une boue composée de soude caustique extrêmement alcaline et de fer provenant du bauxite. Cette boue est habituellement conservée dans d’immenses bassins à ciel ouvert. Imaginez les dégâts dévastateurs qui seraient occasionnés si ces réservoirs étaient inondés par de violentes pluies et que leur contenu se déversait dans l’environnement.

L’oxyde d’aluminium est acheminé vers des fonderies. Les cristaux d’oxyde d’aluminium sont dissouts dans un bain de cryolite et écrasés grâce à des décharges électriques énormes (100 000 à 150 000 ampères), qui libèrent l’oxygène de l’aluminium. Des perfluorocarbones s’évaporent de ce processus (gaz à effet de serre les plus nocifs qui retiennent 1000 fois plus de chaleur que le dioxyde de carbone). Il reste de l’aluminium pur qui est versé dans des moules et mis à rafraîchir dans des barres. Les barres sont roulées en feuilles ultrafines puis transformées en canettes. Elles sont nettoyées, séchées, préparées, peintes avec la marque et les informations du produit, laquées, vaporisées à l’intérieur à l’aide d’un revêtement non corrosif et finalement remplies d’un breuvage. À chaque étape de sa transformation, le produit est acheminé dans une usine différente.

Après toutes ces opérations, le contenu de la canette est absorbé en quelques minutes à peine et les canettes deviennent des déchets…

Environ un tiers des fonderies d’aluminium emploient de l’électricité générée par le charbon ce qui crée des rejets de dioxyde de carbone, de monoxyde de carbone, de dioxyde de soufre et de dioxyde d’azote dans l’environnement. Parce que l’électricité représente 20% à 30% de la production totale d’aluminium tandis que les coûts de transport des mines aux raffineries, puis aux fonderies, constituent moins de 1%, les matériaux bruts sont fréquemment acheminés à travers le monde pour bénéficier de l’électricité la moins chère. Les entreprises ouvrent des fonderies dans des pays qui sont moins vigilants quant aux émissions de carbone afin de diminuer encore plus leurs coûts. De plus, la construction d’infrastructures nécessaires à ces fonderies menace l’environnement, le climat et la biodiversité de ces pays.

La canette est recyclable mais la plupart des personnes qui consomment ces produits le font en route, pendant leur trajet entre leur lieu de travail et leur domicile. Les canettes sont pour la plupart consignées mais tous les magasins n’acceptent pas toutes les marques de canettes. Pour ces raisons, environ la moitié des canettes sont vraiment recyclées. La capacité de production de l’aluminium est supérieur à la demande et le coût de fabrication de la canette demeure faible, malheureusement, le prix des déchets engendrés n’est pas pris en compte.

Si l’emploi de l’aluminium comme conteneur de breuvage était supprimé, les tonnes d’aluminium en circulation pourraient servir à des fins plus utiles comme remplacer certains aciers pour alléger nos modes de transports, en particulier ceux qui reposent sur des combustibles fossiles générateurs de CO₂.

Au lieu de canettes jetables, nous pourrions recourir à des bouteilles rechargeables qui diminueraient la pollution de l’air et de l’eau, la consommation d’énergie et la production de CO₂ et de déchets. De plus, réduire voire éliminer la consommation de boissons en canettes est préférable pour la santé. Voici un petit effort qui permettrait de grands changements. Qui relève le défi?

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